Stèles de Kasa
Saqqarah, XIXe dynastie, Calcaire polychrome, H. 83 à 84cm ; l. 56 à 57cm ; ép. 12,5 à 16cm, Collection Clot-Bey, inv. 240, 241, 242, 243
Il s’agit d’un ensemble exceptionnel de quatre stèles funéraires orientées.
Aucune atteinte maléfique ne devait atteindre le caveau dans lequel la momie reposait pour l’éternité. Le Livre des Morts comporte un chapitre destiné à cet effet. Chacun des quatre murs du tombeau devait être creusé d’une niche dans laquelle l’on déposait une briquette inscrite du texte magique, surmontée d’une figurine particulière.
Le général Kasa, grand chef d’armée sous le règne du roi Séthi Ier (1306-1290 av. J.-C.), eut l’idée originale de faire réaliser quatre stèles, à la fois réceptacles de la briquette et de la figurine, et sur lesquelles est inscrit le texte protecteur. Chacune des stèles présente de part et d’autre du contre le signe hiéroglyphique du point cardinal où elle doit être déposée. Le rituel, prescrit par les inscriptions des stèles, devait être réalisé par les prêtres peu avant qu’il ne quitte le caveau, laissant ainsi le défunt protégé dans sa dernière demeure.
A ce jour, aucun autre exemple de ce type de stèles funéraires orientées n’a été trouvé. Les quatre stèles de Kasa constituent donc un ensemble unique. Elles présentent, au centre du cintre, l’un au-dessous de l’autre, les hiéroglyphes de l’orbe solaire, de l’eau et de la cassolette d’encens entourés de deux Anubis couchés sur une chapelle pour le nord et l’est, et de deux yeux oudjat pour le sud et l’ouest.
Le texte, en beaux hiéroglyphes creux, à l’origine incrusté de couleurs vives, se présente en lignes horizontales, à la lecture de gauche à droite, et en lignes verticales, à la lecture de haut en bas. Trois des stèles présentent Kasa, vêtu d’une longue robe de lin plissé, coiffé d’une perruque de fines mèches, agenouillé les mains levées en signe de vénération. Les briquettes et figurines, probablement volées lors d’une intrusion dans la sépulture dès l’Antiquité, ont disparu, laissant leur emplacement en creux.
© Musée d’Archéologie Méditerranéenne / David Giancatarina