Monument aux oiseaux
1927

Musée Cantini

Max ERNST - 1891, Brühl (Allemagne avant 1949) - 1976, Paris (France) - Huile sur toile 162 x 130 cm

À Bonn où il étudie à la faculté des Lettres, Max Ernst visite une collection de sculptures et de peintures exécutées par des malades mentaux et se lie d'amitié en 1911 avec August Macke, peintre du Blaue Reiter, qui le présente à Apollinaire. Décidant de se consacrer à la peinture, il expose aux côtés des expressionnistes rhénans et se lie avec Jean Arp à Cologne en 1914, juste avant sa mobilisation dans l'artillerie. Démobilisé dès l'armistice, il reste à Cologne où s'ouvre une Maison dada, et rencontre en 1919 Paul Klee à Munich. La même année, il découvre les peintures métaphysiques de Chirico dans la revue italienne Valori Plastici et réalise ses premiers collages. Feuilletant le catalogue d'un fournisseur d'articles scolaires, il fait l'expérience de visions à caractère hallucinatoire qui vont déterminer l'orientation onirique de son art. En novembre 1919, Ernst et Baargeld organisent, en marge du Salon de la Société des Arts de Cologne, une Salle Dada qui fait scandale. Après avoir exposé ses collages à la librairie parisienne Au Sans Pareil au mois de mai 1921, à l'initiative des poètes de la revue Littérature dirigée par André Breton, Ernst gagne Paris clandestinement en 1922, où il mène une existence difficile malgré le soutien de Paul Eluard dont il illustre le recueil Répétitions. Un voyage le conduit en 1924 en Indochine où il rejoint Paul et Gala Eluard, puis il participe en 1925 à La Révolution Surréaliste et élabore au mois d'août de la même année ses premiers frottages, dont l'idée lui vient à l'esprit en contemplant la texture d'un parquet usé.

Le thème de l'oiseau est récurrent dans l’œuvre de Max Ernst (Oiseaux dans un paysage, vers 1922; Les oiseaux ne peuvent pas disparaître, 1923) et particulièrement en 1927 avec L'Oiseau dans la forêt, Après nous la maternité et les deux versions du Monument aux oiseaux. À partir de 1928, apparaît la figure totémique de Loplop, Supérieur des Oiseaux.

Max Ernst a indiqué que la première version du Monument aux oiseaux fut le dernier tableau peint «aux Fusains», la maison qu'il avait louée à Meudon pour y vivre avec Marie-Berthe Aurenche qu'il venait d'épouser.

Avec la légende Après moi le sommeil, le dessin du groupe volant sera utilisé comme ex-libris par Paul Eluard bibliophile.

Le saviez-vous ? Focus sur l’oeuvre

Qui est Lolop ? Un nom bien étrange. Un titre de tableau ? un jeu de mot ? Une créature de l’art ou un être véritable ?

Loplop est tout à la fois mais c’est surtout le fantôme personnel de Max Ernst, «d’une fidélité modèle», appelé aussi Hornebom, le Supérieur des Oiseaux, le roi des airs, un oiseau roc, parfois amical ou inquiétant.

En 1906 Hornebom, le cacatoès, l’ami de Max, meurt dans la nuit alors que vient au monde Loni sa petite sœur. Confusion dans la tête de l’adolescent, pour lui elle s’est appropriée sa vie, son énergie vitale. Cette représentation irrationnelle, où les hommes et les oiseaux se confondent, persistera dans les œuvres de Max Ernst. Hornebom alias Loplop l’accompagne partout, il décide de lui élever des monuments.

Dans Monument aux oiseaux de 1927l’oiseau est double, il forme le Schnabelpaar «Le couple à bec» dans l’unisson des sentiments harmonieux.

Dans un « Interrogatoire au second degré » Max Ernst le questionne «quel espèce d’oiseau êtes-vous «what kind of a bird are you ?/Etes-vous Niniche ?/un petit bleu ?/un ami ?/un vrai ?/gai ?/Parisienne ?/»

Est-il mythe ou présence, un archétype de l’inconscient collectif ? Un clin d’œil aux hommes-oiseaux de l’île de Pâques ? Peu importe sa présence change l’habituel en extraordinaire. Il est surtout là ou il lui plaît d’être incarnant la liberté de rêver.(1) d’après Eduard Trier

S.D.B.DR.: Max Ernst, 1927
Acquis avec la participation du Fonds régional d'acquisition des musées en 1985
Inv. : C.85.5

Droits d'auteur : © Adagp, Paris

Musées de Marseille - Photo R.Chipault-B.Soligny