Coupe de Siana
Attribuée au Peintre C, v. 530 av. J.-C. Céramique attique à figures noires, H. 13cm ; L. 20cm, inv. 7000
Cette coupe (kylix) attique, du type de Siana, en référence au nom d’une localité de l’île de Rhodes, est absolument remarquable. Cette appellation recouvre une série assez importante de coupes archaïques qui ont en commun une forme dérivée des coupes des comastes et un style établissant la transition entre l’influence corinthienne et le début de la peinture attique à figures noires d’époque classique. La forme a, en effet, évolué dans le sens de la hauteur, mais aucun de ses éléments n'a subi de transformation radicale. Très populaire jusque vers le milieu du VIe siècle avant J.-C., ce type de coupe présente un pied conique haut, une large vasque arrondie, une lèvre haute elle aussi évasée et séparée de la vasque par un ressaut, deux anses latérales à demi relevées vers le haut ainsi que des scènes à figures noires avec rehauts rouges et blancs sur la panse et à l’intérieur de la vasque (médaillon ou tondo). Ces changements ont forcément posé de nouveaux problèmes aux artistes. Le rebord rehaussé, en particulier, a offert une nouvelle surface assez large, qu'il s'est agi de décorer. En fait, c'est peut-être l'opération inverse qui s'est produite, l'évolution de la forme étant due, au contraire, à de nouveaux modes de décoration.
La scène du médaillon représente un cavalier armé d’une lance, le corps légèrement en arrière, sur un cheval au galop. Un oiseau en vol le suit, signe de bon augure. La représentation n’est pas enfermée dans son espace réservé puisque le cheval bondissant empiète sur les cercles concentriques décorés entourant la scène, créant ainsi une dynamique.
Sur l’une des deux faces extérieures de la coupe est représentée une scène de symposion, le banquet couché, figurant deux hommes d’âge mûr, entouré d’un côté par trois hommes et de l’autre par trois femmes vêtues différemment tenant des instruments de musique.
Sur l’autre face extérieure sont figurés deux cavaliers affrontés. L’un, au centre, imberbe et non casqué mais armé d’une lance, est suivi de deux hoplites portant lance et bouclier circulaire ; le jeune cavalier fait ainsi face à un autre cavalier casqué portant une lance. Le même oiseau vole au-devant de la scène, dans le même sens que le cavalier central.
Cette coupe est attribuée au Peintre C, appelé ainsi par convention d'après l'initiale du mot “corinthianisant” que l'on emploie volontiers pour caractériser son style. Il est actif dans le deuxième quart du VIe siècle av. J.-C., époque à laquelle Athènes se détache de l'influence corinthienne et met en place son répertoire mythologique. On connaît de lui plus de cent cinquante coupes ou fragments de coupes.
Des découvertes archéologiques permettent de l’attester localement sur certains sites de la région tels que Marseille, la Baou de Saint-Marcel, Saint-Blaise et Ensérune.
© Musée d’Archéologie Méditerranéenne / David Giancatarina