Vue de Marseille prise des Aygalades un jour de marché
Émile LOUBON Aix-en-Provence, 1809 – Marseille, 1863 (Huile sur toile) - Aquis de l’auteur en 1857
Émile Loubon est la figure majeure de l’école de peinture provençale. Il suit à Aix les cours de dessin du peintre Constantin. Après un voyage en Italie, il s’installe à Paris, et se lie avec les paysagistes de l’école de Barbizon. Nommé directeur de l’École de dessin de Marseille, il va par son enseignement façonner l’école du paysage provençal en incitant ses élèves à travailler sur le motif dans la nature. Il formera une génération de peintres qui reprendront sa vision lumineuse des paysages du midi. Cette vue de la rade de Marseille, est le chef d’oeuvre de Loubon. Elle met en évidence les points fondamentaux de sa conception du paysage : vue panoramique, saturation des bleus du ciel et de la mer, expression de la lumière vive du Midi et représentation du mouvement pris sur le vif, ici, celui des bouviers qui amènent leur troupeau au marché. L’aspect poudreux et aride de la terre traduit en touches larges et épaisses au premier plan, est lui aussi caractéristique de sa peinture. Se détachant sur le fond des collines de Marseilleveyre et des îles Maïre, la ville occupe encore l’emplacement historique de sa fondation par les grecs. Elle est dominée par la colline du fort de Notre-Dame de la Garde. La construction de la basilique qui va prendre sa place, va commencer en 1853, l’année, où Loubon peint le tableau. La Provence rurale traditionnelle voit le début de l’industrialisation : les moulins côtoient les cheminées d’usines, on distingue sur la mer des voiles et la fumée des bateaux à vapeur. Loubon, signe une oeuvre nostalgique et prémonitoire d’un monde qui va bientôt disparaître. En quelques années, l’industrialisation va radicalement métamorphoser la physionomie de Marseille
© Ville de Marseille-Dist. RMN-Grand Palais/Jean Bernard