Reliquaire d’ibis / Thot
Tounah-el-Gebel, Epoque ptolémaïque Bois doré, argent, grenat, H. 40cm : l. 20cm ; L. 56cm, Achat, 1990. inv. I, 990.5.1
Il s’agit d’un reliquaire d’ibis en bois doré, argent et grenat. Il n'en existe que deux au monde de cette qualité : l'un est à Boston et l'autre à Marseille !
Thot est l’un des meilleurs exemples de la complexité des divinités égyptiennes. Djehouty, tel est son nom en égyptien, dont on ne connait pas la signification exacte, est un dieu lunaire. Originaire de Basse-Egypte, il a été vénéré jusqu’en Nubie sous la forme d’un ibis. Mais il devient le seigneur d’Hermopolis où il supplante les divinités existantes et adopte aussi la forme du babouin. Thot devient un dieu intellectuel : il est le maître de l’écriture et des langues, le patron des scribes.
C’est aussi celui qui compte, manie les chiffres et les opérations mathématiques, calcule le temps et régit le calendrier des dieux, dont il est en quelque sorte le secrétaire avisé. Ces capacités lui donnent accès à la connaissance et font de lui un magicien qui peut susciter ce qu’il désire. A ce titre, les théologiens de Memphis le considèrent comme la “langue” de Ptah, l’expression verbale qui donne naissance ou le “coeur” de Rê (le coeur étant le siège de la pensée chez les Egyptiens). Il connait les formules magiques de guérison.
Les cryptes de son temple à Hermopolis renfermaient, disait-on, d’innombrables rouleaux de textes magiques écrits de la même du dieu, et ceux qui tentaient de les atteindre étaient punis de façon redoutable.
Assimilé par les Grecs à Hermès, il devient Trismégiste, trois fois très grand, et le maître de la complexe littérature dite “hermétique” qui a peu à voir avec les croyances égyptiennes.
Dans la religion antique, Thot, sous la forme d’ibis, note sur sa tablette le jugement du mort lors de la pesée de son “âme”, sous sa forme de babouin, assiste le travail d’écriture des scribes.
La notoriété du dieu explique la grande nécropole de ses animaux sacrés notamment les ibis à Tounah-el-Gebel d’où provient ce magnifique reliquaire acquis par le musée en 1990.
© Musée d’Archéologie Méditerranéenne / David Giancatarina