
"L'Esprit du trait. Une collection privée de dessins en Provence" au Musée des Beaux-Arts
Rendez-vous au Musée des Beaux-Arts du 25 avril au 21 septembre.
Les visiteurs découvriront une collection particulière d’une rare qualité, constituée d’une centaine de dessins français du XVIIe au début du XIXe siècles.
Comme chaque année, la Ville de Marseille propose des expositions riches et variées dans l’ensemble de ses Musées.
En 2025, les Marseillaises et les Marseillais pourront profiter d’une dizaine de nouvelles expositions temporaires, certaines gratuites, en plus des expositions permanentes gratuites pour toutes et tous depuis 2021. Peintures, sculptures, photographies, vidéo, art contemporain : il y en a pour tous les goûts et pour tous les âges.
Venez découvrir une collection particulière d'une rare qualité
Le Musée des Beaux-Arts de Marseille a choisi de mettre en lumière une collection d’exception, fruit de la passion d’un collectionneur qui, au fil des décennies, a réuni une centaine de dessins français du XVIIe au début du XIXe siècle dont le fil conducteur est la Provence. Cet ensemble inédit témoigne d’un intérêt profond pour les artistes ayant exercé en Provence, qu’ils soient natifs de la région ou qu’ils y aient séjourné. En rassemblant aux côtés de figures emblématiques telles que Pierre Puget, Michel-François Dandré-Bardon, Jean-Antoine Constantin, des artistes moins connus récemment redécouverts par la recherche - comme Joseph André Cellony, Paul Grégoire ou David de Marseille - l’exposition offre un panorama fascinant de la création sous l’Ancien Régime en Provence, qui, idéalement placée au coeur des réseaux artistiques entre Paris et l’Italie, fut extraordinairement réceptive aux évolutions des grands courants artistiques.
Une histoire du dessin en Provence sous l'ancien régime
S’appuyant sur les grands axes constitutifs de sa collection, les expositions du Musée des Beaux-Arts abordent l’histoire des arts en Provence, en les replaçant dans la richesse de leur contexte national et international.
Cette exposition est une invitation à découvrir deux siècles de création en Provence par le biais du dessin, pratique qui nous place au plus proche du processus créatif de l’artiste. Cette présentation constitue à la fois une étape incontournable pour les passionnés d’art graphique, ou d’histoire, tout en offrant au grand public une occasion rare de découvrir des oeuvres que leur fragilité rend souvent inaccessibles.
Elle s’articule autour d’un parcours chronologique et thématique matérialisé en plusieurs sections : Le baroque en Provence, les ornemanistes décorateurs, Dandré-Bardon, figure tutélaire, Exempla virtutis, la figuration nouvelle de la vertu, Entre l’Italie et la Provence, l’épanouissement du paysage, et Constantin d’Aix, un maître provençal, etc.
La passion du dessin incarnée par une collection
« Mon souhait était de traduire l’ambiguïté féconde qui existe dans le terme disegno italien, qui peut signifier à la fois le ‘dessein’ et le ‘dessin’. »
Depuis plusieurs décennies, entre Paris et Aix-en-Provence, ce collectionneur passionné de dessin rassemble avec exigence et passion ces feuilles rares, guidé par une fascination pour le trait et sa force évocatrice.
« L’économie de moyens, et la façon dont l’artiste est capable d’en tirer parti… Pas de couleur, à peine un peu de craie… Et malgré cela, quelle liberté de création et d’invention ! »
Son parcours ne le prédestinait pourtant pas au dessin ancien :
« C’est l’aboutissement d’un chemin qui ne doit rien à l’évidence et beaucoup au hasard ! […] J’ai pris des chemins de traverse et sans doute ‘perdu’ beaucoup de temps par rapport à d’autres collectionneurs. »
C’est lors d’un séjour à l’étranger qu’il réalise l’importance de cet héritage artistique et décide d’ancrer sa collection en Provence :
« Le déclic s’est produit alors que je vivais loin de la France. […] Mon choix était fait : la Provence, les dessinateurs originaires de Provence plus exactement, seraient au coeur de ma collection désormais. »
Confidences d'un collectionneur (extraits)
Quelles sont les raisons de votre attrait pour le dessin ancien ?
L’économie de moyens et la façon dont l’artiste est capable d’en tirer parti. Pas de couleur, à peine un peu de craie ou des rehauts de gouache, blancs la plupart. Je ne recherche pas non plus un dessin parfait, « fini » ; c’est Degas, je crois, qui affirmait que le plus difficile était de savoir à quel moment une oeuvre était achevée : il avait d’ailleurs tendance à retoucher à l’excès. Le caractère « fini » d’un dessin m’interroge toujours un peu. Le critère décisif pour adjoindre une oeuvre à la collection réside dans la cohérence qu’elle aura avec l’ensemble : l’artiste entre-t-il dans le champ de la collection ? Est-il déjà représenté ? Cette technique, ce sujet, figurent-ils déjà dans la collection ? Pas de collection, selon moi, sans cohérence thématique.
Toute votre collection de dessins anciens a trait à la Provence. Pourquoi ce choix ?
(…) Mes origines provençales ont ici fait leur oeuvre. Une partie de ma famille est établie depuis des générations à Aix-en-Provence et dans le Var, où j’ai passé mon enfance et effectué mes études, avant d’être admis à l’École normale supérieure. Des lectures, celles de Philippe de Chennevières, qui résida un temps à Aix-en-Provence, avec ses Recherches sur la vie et les ouvrages de quelques peintres provinciaux de l’ancienne France, ou ses Souvenirs d’un directeur des Beaux-Arts, ont aussi pu jouer un rôle déterminant pour ancrer mon intérêt en province et en Provence. Cependant, les premiers dessins que j’ai acquis n’avaient aucun lien avec la Provence. Le déclic s’est produit alors que je vivais loin de la France, à Buenos Aires, il y a plus de vingt ans. Je me remémore très bien ce moment, même si je ne suis plus capable de le dater avec exactitude. J’étais chez moi, je feuilletais un catalogue de peintures et de dessins anciens offert par la personne qui me dirigeait à l’époque, devenu depuis un ami et qui avait la délicatesse de ne pas s’étonner de mes absences pour courir les salles de ventes ou les galeries ; je contemplais la sanguine de Charles Parrocel que je venais d’acquérir et qui provient de la collection Jean-Denis Lempereur, ce que j’ignorais : j’avais juste aperçu un bout de marque de collection sur laquelle mordait le cadre. En contemplant le dessin du plus parisien d’une lignée d’artistes issus de la Provence, un dessin presque à la marge de cette collection, mon choix était fait, ce fut une évidence : la Provence, plus exactement les dessinateurs originaires de Provence, seraient au coeur de ma collection désormais. (...)
Le catalogue de l'exposition - Une ressource scientifique
Un catalogue scientifique de 304 pages édité par Lienart accompagne l’exposition au prix de vente de 39 €. Tous les dessins exposés font l’objet d’une notice développée confiée aux plus grands spécialistes des artistes présentés.
Il est accompagné d’une préface de Pierre Rosenberg de l’Académie française, grand spécialiste de l’art français des XVIIe et XVIIIe siècles et d’un entretien avec le collectionneur.
Illustration : Xavier Sigalon (Uzès, 1787 - Rome, 1837) Caprice architectural, Lavis noir et gris sur traces de pierre noire sur papier © Ville de Marseille, musée des Beaux-Arts/Claude Almodovar
Xavier Sigalon (Uzès, 1787 - Rome, 1837)
Caprice architectural, Lavis noir et gris sur traces de pierre noire sur papier
© Ville de Marseille, musée des Beaux-Arts/Claude Almodovar
Michel-Honoré Bounieu (Marseille, 1739 - Paris, 1814)
La Confidence, 1783, Aquarelle sur traits de graphite, trait d’encadrement à la plume et encre brune
© Ville de Marseille, musée des Beaux-Arts/Claude Almodovar
Michel-François Dandré-Bardon (Aix-en-Provence, 1700 - Paris, 1785)
Le Sommeil, ou Figure de jeune femme éplorée, Sanguine sur papier
© Ville de Marseille, musée des Beaux-Arts/Claude Almodovar
Jean-Antoine Constantin, dit Constantin d’Aix (Marseille, 1756 - Aix-en-Provence, 1844)
Personnages au bord d’une rivière, vers 1780-1800, Plume et encre noire, lavis gris sur papier
© Ville de Marseille, musée des Beaux-Arts/Claude Almodovar