Nana assise, négresse

Musée d'art contemporain [mac]

Niki de Saint-Phalle (Catherine Fal de Saint-Phalle dite) 1930, Neuilly-sur-Seine (FR) – 2002, San Diego, Californie (EU)

Après une enfance passée à New York, brièvement mannequin à la fin des années quarante, Niki de Saint-Phalle revient en France en 1952. Tiraillée entre son aspiration à l’indépendance et le rôle de femme qui lui est destiné, elle est hospitalisée. La peinture, qu’elle pratique assidûment et la volonté de devenir artiste, constitueront pour elle une thérapie salutaire. Elle rejoint en 1961 les signataires de la déclaration constitutive du groupe des Nouveaux Réalistes, auxquels elle sera associée jusqu'en 1963. Cette période est celle des collages et des actions-tirs. Lors de ces peintures-happenings elle, ou le public, tire à la carabine sur des assemblages d’objets recouverts de plâtre et constituant des reliefs sur lesquels sont accrochées des poches de liquides colorés (peinture, encre, teinture).

En 1965, reprenant ses figures féminines, elle crée les premières Nanas. D'abord faites de fil, de laine et de tissu, elles seront suivies par d'autres en papier mâché puis en polyester. Cette figure ambivalente de la femme, tout en rondeur et recouverte de couleurs vives, est à la fois martyre et ogresse aux épaules, aux seins et au sexe exagérés, à la tête et aux bras réduits. Niki de Saint-Phalle en réalisera de multiples variations, telle la Nana assise, négresse. Presque à l'échelle humaine, cette œuvre combine plusieurs archétypes : poupée mais aussi statuaire africaine, proposant une ouverture à un imaginaire et un univers formel extra-européen (art précolombien, afro-américain, indien, mésopotamien…), qu'elle systématisera et diversifiera par la suite..

« Il y a toujours des passages houleux dans une existence. La générosité qui rayonne de l’œuvre si peu doctrinaire de Niki de Saint-Phalle a peut-être le pouvoir d’apaiser nos inquiétudes réelles ou fallacieuses. Pourquoi a-t-on jugé son œuvre, sinon mineure, du moins marginale ? Sans doute pour un certain nombre de raison, en général sans grand intérêt ( misogynie, indifférence, manque de curiosité, préjugés). Mais il y a probablement des raisons plus profondes. Le rationalisme scientifique aura gouverné le XXe siècle. Malgré la merveilleuse clairvoyance de Dada, malgré les incursions des surréalistes dans des domaines inaccessibles à la conscience, malgré le cubisme et malgré notre individualisme fondamental, l’exaltation du bonheur de vivre, dont Matisse se fit le chantre n’est plus à l’ordre du jour. Or, ce bonheur nourrit toute l’œuvre de Niki de Saint-Phalle, même si quelques angoisses percent ça et là. Il diffuse une lumière qui chasse les ombres flatteuses, ce qui n’est pas du goût de tout le monde »
Pontus Hulten

Nana assise, négresse, 1971
Polyester peint, 75 x 80 x 80 cm
Don du Fonds national d'art contemporain, ministère de la Culture et de la Communication, Paris, en 2007
 

Maquette du Paradis fantastique
Don du Fonds national d’art contemporain, ministère de la Culture et de la Communication, Paris, en 2007

 

© B.Chipault-R.Soligny - © Niki Charitable Art Foundation/Adagp, Paris