Paysage méditerranéen
Émile Othon Friesz, vers 1907, huile sur toile contrecollée sur toile, 50,5 x 61,5 cm
Acquisition avec l'aide du Fonds Régional d'acquisition des musées et du Fonds du patrimoine en 2008, musée Cantini, Marseille, Inv. C.08.02
Droits d'auteur : Domaine public
Après un passage à l'École des Beaux-Arts du Havre où il se lie d'amitié avec Raoul Dufy, Friesz entre à l'École des Beaux-Arts de Paris en 1897. Il y devient l'élève de Raymond Bonnat et fait la connaissance de Marquet, Manguin et Camoin qui étudient dans l'atelier de Gustave Moreau. Il rencontre bientôt Armand Guillaumin et Camille Pissarro qui l'influencent fortement. Indifférent aux recherches des divisionnistes, il reste fidèle au style impressionniste, participe au premier Salon des Indépendants en 1903, et présente sa première exposition personnelle en 1904 à la Galerie des Collectionneurs. Le tableau Luxe, calme et volupté, que Matisse expose au Salon des Indépendants de 1905, marque profondément son ami Dufy qui abandonne alors l'impressionnisme.
Friesz est lui-même tiraillé entre un certain conservatisme et son envie croissante de rejoindre le groupe des « fauves », ainsi baptisé par le critique Louis Vauxcelles dans son compte-rendu du Salon d'Automne de 1905. Il franchit le pas lors d'un séjour à Anvers en compagnie de Braque à l'été 1906, peignant ses premières œuvres fauves. Ce processus de libération connaît une phase déterminante lors du voyage dans le Midi qu'il entreprend, toujours avec Braque, entre la fin du mois de juin et le 19 octobre 1907. A La Ciotat et à Cassis, dans la plénitude de l'été, Friesz réalise des peintures de paysages qui comptent parmi les plus audacieuses et les plus lyriques de l'histoire du fauvisme.
Le tableau conservé par le musée Cantini, probablement peint à l'Estaque où Friesz séjourne à partir de la fin du mois de septembre 1907, témoigne des derniers moments de cette période, qui voient l'artiste tempérer progressivement sa vision sous l'influence de l'œuvre de Cézanne, simplifiant les volumes autour du tracé de quelques lignes essentielles et atténuant sa palette.
© Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Claude Almodovar / Michel Vialle