Le pouce
César (César Baldaccini dit) 1921, Marseille (France) – 1998, Paris (France)
Bronze poli, 200 cm, 100 cm de diamètre. Don du Fonds national d’art contemporain, ministère de la Culture et de la Communication, Paris en 2007
César est né dans le quartier populaire de la Belle de mai. Il est le fils d’Omer et Leila Baldaccini, Italiens d’origine toscane, propriétaires d’un modeste commerce de vins.
César est sculpteur. Curieux des matériaux les plus divers, il a développé une œuvre dans laquelle se détachent quatre procédures majeures. Puisant indifféremment dans les procédés de la sculpture classique (moulage) et de la modernité du 20e siècle (assemblage), il a également mis au point les siennes propres : compression et expansion. Entre la radicalité d'un geste d'avant-garde désacralisateur et un questionnement classique sur le matériau, César a élaboré une œuvre en tension entre ces deux pôles.
En 1965, préparant l'exposition de la galerie Claude Bernard intitulée La Main, de Rodin à Picasso, César découvre le pantographe. Sensible aux matériaux modernes et aux problématiques de la rupture d’échelle et du corps humain, il réalise les premiers agrandissements de moulages anatomiques. L'artiste décide ainsi, pour cette manifestation consacrée à la main, de mouler son propre pouce puis de l'agrandir. L'idée du pouce lui vint de ce que, encore enfant, il apprit que l'empereur romain César abaissait ou levait son pouce pour décider du sort des gladiateurs. Avec les années, le pouce de César prend des dimensions de plus en plus imposantes. Il mesure ainsi 40 cm, 60 cm, 2m (celui du [mac]), 6m puis enfin 12 m. Réalisées au départ en matière plastique, ces empreintes seront confrontées à des matières insolites ou traditionnelles, notamment le sucre blanc, le sucre d’orge, le cristal, le pain, le marbre, le verre, le fer, le nickel, la fonte d’acier inoxydable, l'or, le bronze, la fonte de fer. Cette méthode sera réutilisée en 1966 avec l'empreinte du sein d'une danseuse du Crazy Horse, qui, agrandie, donnera lieu l'année suivante à une sculpture ornant les jardins de l'usine de produits cosmétiques Rochas.
« Ce qui m'intéresse, c'est le langage organique de la matière, les possibilités qu'elle offre. Ce qui compte, c'est la beauté de cette matière, et toutes les matières sont, précieuses quand je leur parle, la ferraille, le caoutchouc, la tôle, le papier, le cristal... Même l'or. »
César in catalogue César, cristal, Daum, exposition Musée des arts décoratifs Paris, 1969
©B.Chipault-R.Soligny - ©SBJ/Adagp, Paris